Amendes contre les dérives de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne
D'anciens dirigeants de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, dont le militant de la Coordination rurale Serge Bousquet-Cassagne, ont été condamnés vendredi à des amendes par la Cour des comptes notamment pour construction illégale d'une retenue d'eau et comptes annuels insincères.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Une amende de 14 000 euros est infligée à M. Bousquet-Cassagne, l'ancien président de la chambre, de 7 000 et 5 000 euros aux deux anciens vice-présidents, de 5 000 euros au comptable et de 2 000 euros à un membre du bureau.
La Cour a retenu une série d'infractions, en l'occurrence la construction sans autorisation de la retenue dite du « lac de Caussade », le versement irrégulier d'aides aux éleveurs du département, des comptes annuels « ni sincères et ni fiables », des paiements effectués sans autorisation, et la non-exécution dans les délais légaux de condamnations pénales de la chambre d'agriculture par la cour d'appel d'Agen.
La construction du « lac de Caussade », réalisée à l'hiver 2018-19 sans autorisation et « en méconnaissance des règles d'exécution des dépenses de l'établissement public », est « une faute grave qui a causé un préjudice financier significatif pour la chambre d'agriculture », souligne la Cour, qui avait entendu le 16 octobre les cinq personnes visées.
La retenue a été construite alors que cela « excédait » les missions de la chambre, pour un coût estimé à 1,3 million d'euros ne figurant pas dans les comptes, sans appel d'offres mais accordant un « avantage injustifié » à des entreprises liées aux élus.
Si l'on ajoute le retard de paiement d'amendes, le préjudice total s'élève à plusieurs millions d'euros, avait calculé le ministère public.
« Conflits d'intérêts »
Circonstances aggravantes, M. Bousquet-Cassagne « avait pleinement conscience de l'illégalité de sa décision et des risques encourus », et les vice-présidents et membre du bureau ont joué un rôle déterminant en soutenant cette décision, souligne l'arrêt de la Cour des comptes.
Quant à la méconnaissance des règles de production des comptes de la chambre, « elle résulte de la volonté délibérée » de son président de « dissimuler le coût de la construction de la retenue d'eau au préfet », ajoute la Cour, qui souligne aussi le « caractère récurrent (...) des situations de conflits d'intérêts » au sein de l'établissement public.
Outre M. Bousquet-Cassagne, étaient aussi poursuivis les anciens vice-présidents Patrick Franken et Christian Girardi, un ancien membre du bureau Didier Perrel, et le comptable Nicolas Bousquet-Cassagne, fils de l'ancien président.
La Coordination rurale (CR) - deuxième force syndicale agricole - contrôle la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne depuis 2001. Serge Bousquet-Cassagne, proche de l'extrême droite et adepte des actions coup de poing, l'a présidée de 2013 jusqu'aux élections professionnelles de janvier dernier. Il revendique lui-même « 18 procès en 30 ans ».
Lui et Patrick Franken avaient déjà comparu au pénal pour la construction du lac, pour répondre des atteintes à l'environnement et aux biens. Condamnés par la cour d'appel d'Agen en janvier 2022 à une amende et de la prison avec sursis, ils avaient échappé à de la prison ferme.
Devant la Cour des comptes, les cinq hommes devaient répondre des atteintes à l'ordre public financier. La chambre du contentieux de la Cour a remplacé la Cour de discipline budgétaire et financière depuis 2023.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :